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Cathleenexpat nous présente un article très complet sur les enfants et l’expatriation.

Les enfants d’expatriés ont une vie très particulière, qui peut les amener, non sans mal, à l’épanouissement et à une grande ouverture d’esprit. La préparation et les répercussions d’une expatriation seront variables en fonction de la personnalité et du stade de développement dans lequel se trouve l’enfant au moment du déménagement. La problématique est aussi variable en fonction de la composition des familles, de l’origine des parents, de la/les langue(s) utilisée(s) ou encore des besoins spécifiques de certains enfants. Par exemple, les enfants de couples mixtes peuvent rencontrer des problèmes relatifs à leur référence identitaire, à leurs racines, à la confrontation avec trois voire parfois quatre cultures. Ils n’ont parfois pas la possibilité de connaître le pays d’origine d’un de leurs parents.

Les enfants de langues pour lesquelles on ne trouve pas ou peu d’école internationale (les enfants néerlandophones, danois,…) se heurtent au problème du choix des écoles et de la continuité d’un système.
Se pose aussi le problème de l’enfant à handicap qui ne recevra pas forcément un enseignement adapté, etc.

L’annonce du départ confronte la plupart d’entre eux à un mélange de sentiments. Les sentiments de peur de l’inconnu, d’anxiété par rapport à leur nouvel environnement ou à leur nouvelle école, de tristesse de quitter leurs amis, leur famille, leur routine dominent rapidement les sentiments d’excitation du départ et des nouvelles découvertes.

A moins que la situation ne lui soit présentée avec tact et sensibilité dès le départ, les changements de pays, de climat, de langue et d’école peuvent être une expérience traumatisante pour l’enfant. Par conséquent, ils devront tous, bébés, jeunes ou adolescents, faire l’objet d’une attention particulière.

L’employeur devrait se préoccuper d’offrir une aide aux parents et une préparation spécifique aux enfants des familles qui le souhaitent, car il est évident que la sérénité et le bonheur des parents dans leur nouvelle vie sont etroitement liés à ceux de leur(s) enfant(s).  Certaines agences de relocation ainsi que certaines entreprises privées (Expatkit) mettent à disposition des enfants en fonction de leur âge du matériel (bricolages, jeux à thème pour le bain, album,…) pour les aider à se préparer et à surmonter cette épreuve.

Voici quelques idées qui, sur la base de mon expérience, semblent importantes pour faciliter l’adaptation de nos enfants dans leurs différents pays d’accueil.

Préparation des enfants avant le départ?

Dans la mesure du possible, l’enfant sera mis au courant de sa destination quand celle-ci sera sûre, car il n’aime pas vivre les périodes de doute, d’instabilité. Quel que soit son âge, l’enfant a besoin de se sentir en sécurité au sein de sa famille et de faire confiance à ses parents, aux décisions le concernant. Si les parents exposent clairement la situation et les données relatives à son avenir immédiat, l’enfant conservera plus facilement ce sentiment de sécurité. Bien entendu, les parents ne pourront expliquer clairement la situation, que s’ils sont en accord avec celle-ci et pensent que leur choix est judicieux.

L’annonce du déménagement risque de susciter plus ou moins rapidement une série de questions auxquelles il est important d’être attentif et de trouver des réponses car, même si ces questions vous paraissent absurdes ou sans importance, elles peuvent générer un grand stress chez l’enfant. Une amie américaine m’expliquait son désarroi face à son fils de 8 ans passionné de base-ball. Depuis qu’il avait appris son départ pour Vienne, il avait un comportement difficile et agressif. Quelle ne fut pas sa surprise quand la psychologue consultée lui expliqua que la principale crainte de l’enfant était de ne pas trouver un terrain de base-ball à Vienne ! Rassuré ensuite par ses parents, il avait bien vite retrouvé sa joie de vivre et son comportement d’antan. Tous les cas ne sont malheureusement pas si evidents.

Nous pouvons aider l’enfant à situer le pays d’accueil en consultant un Atlas et des livres. Sa curiosité et son excitation à découvrir son nouvel environnement seront sollicités grâce aux images et récits qui pourront aussi apaiser ses craintes parfois non fondées. L’enfant devra être tranquillisé sur le devenir de ses effets personnels. A partir d’un certain âge, il est important qu’il participe au tri et à la mise en cartons de certains de ses jouets. Il sera utile de garder à porté de main ses objets préférés et de ne pas trop vite jeter des jouets qui nous paraissent cassés ou sans importance. Mon fils me rappelle encore aujourd’hui son stress de ne plus avoir retrouvé son « robocop cassé » lors de notre premier déménagement. Il avait cinq ans!

L’enfant scolarisé aime récolter les adresses de ses copains d’école et des souvenirs. Nous pouvons, à cet effet, lui offrir un album dans lequel ses amis se feront un plaisir de signer, dessiner, écrire des poèmes, mettre leur photo et qui le rassurera après le déménagement, lors des inévitables jours de cafard où il se sent si seul. Une petite fête de départ pourra être organisée les derniers jours à l’école, avec la complicité du professeur, ou encore à la maison, et sera l’occasion pour l’enfant, de filmer sa classe ou de se prendre en photo avec ses camarades à l’aide d’un appareil jetable ou d’une caméra digitale. Avant de partir, nous nous assurerons que l’enfant dispose bien de toutes les adresses qu’il souhaite.
L’accès à Internet et la facilité des mails permettent aujourd’hui à l’enfant de rester en contact avec ses amis et sa famille.

Nous devons toutefois être vigilants et éviter une utilisation intempestive du « chat » qui deviendrait alors un frein à l’intégration dans le nouveau pays.
Donner à l’enfant la possibilité d’apprendre les rudiments de la langue et de la culture du pays d’accueil ffacilitera son adaptation. Nous pourrons faciliter la transition en étant prêt le jour du départ et évitant ainsi le stress des bagages qui ne ferment pas, des passeports égarés, etc.

L’enfant vivra mieux le voyage si nous prévoyons une étape amusante pour lui, ou encore quelques jours de vacances en famille, bien reposants après les derniers jours chaotiques qu’il aura vécu. Je me souviens de mes filles en larmes les derniers jours avant notre départ pour New York qui, le lendemain de leur arrivée, dans la piscine de l’hôtel que nous avions choisi en dehors de la ville, s’exclamaient: « c’est génial New York ! »

Aider l’enfant à s’intégrer?

Les premières impressions influencent souvent le déroulement de l’intégration. C’est pourquoi l’employeur devrait permettre aux familles de résider les premiers jours dans un hôtel et leur permettre ainsi de se ressourcer pour affronter la suite des événements. L’attitude des parents face à leurs hôtes et au pays déterminera l’attitude des enfants. Il est donc recommandé d’aborder les difficultés avec calme, humour et tolérance, et contribuer ainsi à donner un modèle à l’enfant.

Rapidement, nous essayerons de rencontrer d’autres familles expatriées et, si possible, des enfants fréquentant la même école ou la même crèche. Consacrer du temps à téléphoner ou à inviter des familles avec enfants du même âge, dès l’arrivée, permet une intégration plus rapide et des premiers jours à l’école plus faciles. Ces familles sont généralement une source inestimable d’informations utiles qu’elles partagent volontiers et nous sortent ainsi de notre isolement.

L’installation dans le nouveau domicile se fera si  possible avant la rentrée scolaire pour que l’enfant soit déjà familiarisé avec son nouvel environnement, pour qu’il ait eu le temps de trouver quelques marques. Comme mentionné auparavant, le choix d’un logement devrait être antérieur au départ de toute la famille.

Après l’installation, l’enfant devrait avoir la possibilité de visiter sa nouvelle école. Lors d’un changement de pays, au cours de l’été, je conseille fortement d’emménager avant les derniers jours des vacances pour permettre aux enfants d’avoir le temps de s’adapter et de ne pas démarrer une nouvelle année scolaire sur des chapeaux de roues, dans le stress.
L’organisation d’un planning est important, il faudra essayer de résoudre les problèmes administratifs et d’installation rapidement, ou à certains moment de la journée, pour essayer de consacrer du temps aux enfants, notamment à leur retour de l’école. C’est à ce moment que sortent généralement les joies, les déceptions de la journée et leur expression permet un soulagement plus rapide.

Le maintien ou le retour rapide à une routine bien connue de l’enfant (heures de coucher, rituel avant de dormir, habitudes de repas) lui apportera une stabilité dans l’instabilité de notre vie. Chaque enfant réagira différemment au stress d’un déménagement en fonction de son caractère, mais aussi en fonction de son âge. Le bébé peut avoir des problèmes d’adaptation au climat, à la nourriture, il peut être perturbé dans le déroulement normal de son évolution, apprentissage de la propreté, passage à une alimentation solide tandis que la jeune fille de 10 ans peut se morfondre d’avoir quitté sa grand-mère, ses complices de jeux ou simplement sa chambre, son univers.

L’adolescent risque de mal vivre le retour à la dépendance forcée dans certains pays, ou encore son isolement par rapport au groupe qui ne l’a pas encore accepté. Il pourra parfois adopter des comportements renfermés ou agressifs et renforcer cette exclusion. Amour, écoute, empathie, présence, communication et patience sont les clefs d’un retour à la stabilité de la cellule familiale.

L’enfant pourra ensuite profiter des nouvelles expériences que lui offrent son pays d’accueil. Nous pourrons l’aider à découvrir la culture, l’histoire et la région en visitant et en voyageant avec lui.

Aider son enfant au retour dans son pays?

Lors des différentes expatriations, il sera toujours important de rappeler à l’enfant d’où il vient. Lui donner des racines et lui permettre de connaître le ou les pays d’origine de ses parents l’aideront à grandir avec une référence identitaire, des racines et à se construire sur une base connue. Ceci peut se faire grâce à des retours réguliers dans son pays d’origine, grâce à un attachement à un lieu, une maison éventuelle et, aussi, grâce aux membres de la famille au sens large.

Celle-ci est importante pour l’enfant, elle lui donnera un sentiment d’appartenance et une sécurité. Accueillir les membres de la famille et les amis dans le pays d’accueil, pour un cours séjour, permet aussi de renforcer les liens et cette appartenance.

Lors du retour définitif dans le pays d’origine, les réactions seront différentes en fonction du temps passé à l’étranger, de l’âge, et de la manière dont l’expatriation a été vécue (les différentes expériences sur place).L’enfant risque d’avoir de fausses attentes par rapport à son pays. Souvent, il le connaît à travers les périodes de vacances, dans un lieu de villégiature où il est attendu et accueilli en « petit prince qui vient de loin ».

Lors du retour, il sera confronté aux dures réalités du quotidien (école, routine, plus d’achat de garde robe ou de bibliothèque d’un seul coup), mais aussi aux réalités d’un nouveau statut. Il risque de se sentir « étranger » parmi les siens.

Souvent, il réintègre le système scolaire locale et est confronté à de nouvelles exigences sans le soutien adapté, la compréhension et la patience de certains professeurs. Il peut être victime de moqueries lorsqu’il raconte ses expériences à l’étranger. Il est important que l’enfant puisse exprimer ses sentiments et qu’il se sente compris et soutenu. N’hésitez pas à rencontrer le/les professeur(s) avant le premier carnet de note.

Partagez vos soucis concernant l’enfant et son adaptation. Si l’enfant éprouve des difficultés dans certaines matières, il vaut mieux faire appel à une aide extérieure pour éviter du stress supplémentaire dans cette phase pendant laquelle toute la famille est bien chahutée.
Cette période d’adaptation dure généralement quelques mois, avec des hauts et des bas. Il sera toujours utile de positiver la situation, de mettre en valeur les bons côtés de ce retour (famille, amis, langue et culture) et d’essayer d’être présent pour l’enfant à son retour de l’école. Il n’y a malheureusement pas de solution unique pour les problèmes divers qui surgiront lors des différentes étapes de l’expatriation.

Comme la famille est un système composé de membres en interaction les uns avec les autres, il est évident que chaque membre aura une influence sur les autres. Si un membre de la famille a des difficultés d‘adaptation, il y aura un impact sur les autres membres de la famille. C’est pourquoi, j’insiste sur une préparation spécifique à chaque membre de la famille qui permettra à celle-ci de partir avec des informations adéquates et d’avoir plus de chance de réussir son expatriation.

Cathleen
Transition consultant
New-York,
Etats-Unis
Mars 2004

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