Home > Asie > Inde > Jimy Library et l’expérience de Sylvia en Inde

Nous sommes à nouveau rentrées en contact avec Sylvia pour la mise à jour de cette belle entreview, et c’est avec joie que nous avons appris que des changements très positifs ont eu lieu au centre des garçons de Bénarès. L’ong de Sylvia a enfin obtenu l’autorisation qu’ils sortent chaque semaine avec un des travailleurs sociaux. C’est une grande victoire. Bravo, Sylvia, continuez le bon travail!

Mai 2013

Sylvia est une française qui s’est installée en Inde avec sa famille. Dans cette interview fascinante, elle nous parle des beaux projets dans lesquels elle est engagée. Nous vous invitons à lire jusqu’au but, à visiter le site web du projet de Sylvia (www.jimylibrary.org) et, si vous le souhaitez, à appuier ses actions si importantes pour la population locale. Si jamais vous passez par là, n’hésitez pas à contacter Sylvia: elle sera ravie de vous parler de son choix de vie et du pays qui l’a adopté… Merci Sylvia!

Claudiaexpat
Juillet 2012

Qu’est-ce qui vous a amenés à Bénarès et ensuite à Pondichéry?

Nous sommes venus en Inde en 1984 car nous parrainions un enfant Tibétain. Nous avons visité Bénarès où mon mari a commencé à apprendre le sitar. Depuis cette date nous revenions dans cette ville pratiquement chaque année et avons parcouru presque tout le pays.

La culture indienne est si spécifique, si forte, que nous avons dû beaucoup questionner nos amis, beaucoup lire aussi pour, petit à petit, nous familiariser avec une toute autre façon de voir la vie, de gérer le temps, de vivre les relations autrement. Il a fallu apprécier la nourriture pimentée et le climat difficile mais les belles rencontres puis les amitiés sincères ont bien aidé.

Jimy3En 2007 nous nous sommes installés à Bénarès pour y vivre de façon permanente. Notre fille allait à l’école indienne jusqu’en 4ème puis elle a voulu continuer sa scolarité au lycée français de Pondichéry. Nous vivons dans cette ville depuis juillet 2011 et pensons y rester 3 ans jusqu’au Bac de notre fille.

Après cette date, ce sera Bénarès de nouveau où nous avons des attaches très fortes : notre association, les amis indiens, les musiciens et les quelques occidentaux qui y vivent toute l’année. Sans doute nous installerons-nous dans un village proche car, même si nous aimons cette ville qui a vraiment une âme, son développement entraîne des nuisances liées à la pollution et au bruit désagréables.

Il n’est pas possible de comparer Bénarès et Pondichéry, c’est tout simplement un autre monde, une autre culture. Nous sommes bénévoles dans une ONG qui fait ici aussi des actions très utiles. Le climat du sud est beaucoup moins difficile que dans le nord du pays. Pondichéry est une ville calme, agréable et très propre pour l’Inde ! Il y a des activités culturelles puisqu’il y a une Alliance française et le lycée a un bon niveau d’enseignement. Etant prof de français langue étrangère, j’aide de nombreux étudiants à apprendre notre langue.

Comment est née l’idée de créer l’association Jimy Library et quel est son but principal?

L’association « Jimy Library » a été créée pour honorer la mémoire d’un adolescent qui aimait les livres et l’Inde. Son but est de favoriser l’éducation d’enfants Indiens par l’achat de livres, la création de bibliothèques ainsi que toutes actions d’ordre pédagogique visant à l’amélioration de leur éducation.

Son organisation est très simple: les adhérents sont sollicités sur les choix budgétaires à faire et nous agissons en fonction de nos finances et des besoins répertoriés.

En France la secrétaire et le comptable font ce qui doit être effectué lorsqu’on remplit ces fonctions au sein d’une association. Je vais tous les 2 / 3 mois à Bénarès et avons les comptes concernant les dépenses effectuées par nos employés à chaque fin de mois. Les bilans moraux et financiers sont disponibles sur le site.

Quelles ont été les plus grandes difficultés dans l’implantation de l’idée? Et comment sont les relations entre vous expatriés et la population indienne qui participe à ce projet?

Notre 1er projet a été la création d’une bibliothèque de livres anglais-hindi. Nous avons fait partir de France un container de 4000 livres donnés par les Anglais très nombreux dans le sud-ouest de la France où nous vivions. Ce container a mis 3 semaines pour faire Marseille-Kolkata mais il nous a fallu nous battre pendant 4 mois avec les douanes indiennes pour le récupérer !

JimyC’est vraiment la seule difficulté que nous avons eu dans ce pays. Tous nos autres projets – choix d’écoles auxquelles nous achetons les livres scolaires et finançons des cours de kathak; la Biblio française; le centre de détention des garçons – se passent très bien car nous avons à Bénarès de vieux amis dont nous suivons les conseils.

Le fait que mon mari joue du sitar et est impliqué dans la vie des familles de musiciens, le fait d’aimer et de bien connaître la culture indienne, et surtout de comprendre le hindi, sont des atouts pour avoir de bonnes relations avec la population en général.

Avec les personnes employées dans notre ONG, les relations sont chaleureuses et nous participons aux évènements familiaux. Il est important d’avoir avec ces personnes des relations d’estime et de confiance, ce qui est le cas. Les Indiens apprécient les personnes qui font l’effort d’apprendre leur langue et qui aiment leur culture.

Vous aidez des jeunes d’un centre de détention: pouvez-vous les visiter personnellement ? Dites-nous un peu plus sur cet aspect du projet.

Le centre de détention de Ramnagar près de Bénarès est un internat gouvernemental où logent 85 garçons âgés de 6 à 18 ans. Ces enfants ont été trouvés dans les rues, abandonnés par leurs parents ou ont quitté eux-mêmes une famille mal traitante. Il incombe à l’Etat indien de s’occuper d’eux. Malheureusement, le manque de moyens, de motivation et la corruption font que la situation est dramatique pour ces garçons. Ils n’ont commis aucun délit majeur mais sont quand même récupérés par la police et doivent rester enfermés dans le Centre jusqu’à leurs dix-huit ans ou jusqu’à ce qu’on puisse localiser leurs parents, ou trouver une personne qui assumerait leur responsabilité légale. Cela ne se produisant pratiquement pas, les garçons restent dans ces murs clos, isolés de la société, jusqu’au jour de leurs dix-huit ans. A cette date, ils sont mis à la porte sans préparation ni moyens de gagner leur vie, totalement désocialisés.

En 2008, des membres de l’association « Jimy Library » ont « visité » ce centre de détention. Ils ont constaté les conditions inhumaines dans lesquelles vivaient ces enfants, et réalisé la nécessité impérative de leur venir en aide. Livrés à eux-mêmes ou à la violence des gardiens, ils vivaient dans un état d’hygiène et de détresse mentale et psychique alarmants. Les décès étaient fréquents. Nous avons été très choqués, très tristes et aussi en colère au vu d’une telle situation à notre époque et avons décidé de faire en sorte que la vie des enfants s’améliore. Nous avons suivi les conseils de nos amis de l’ONG indienne « D-Foundation » et aujourd’hui le quotidien des garçons a énormément changé.

Nous allons librement dans le centre et demandons une autorisation pour les personnes qui nous accompagnent. Le gouvernement indien a totalement confiance en nous et suit nos conseils et suggestions même s’il investit dans ce lieu le minimum d’argent. Vous pouvez voir ce qu’il en est exactement de la construction de ce projet sur le site: www.jimylibrary.org

La librairie que vous avez montée sert aux étudiants et aux professeurs, mais aussi aux touristes – qu’est-ce que les touristes y trouvent ?

Fin 2008, la Bibliothèque française a vu le jour. Les membres de l’association « Jimy Library » envoient des colis de livres de France (13 euros les 5 kilos). Ce sont des étudiants bénévoles indiens de la Faculté de Français et leurs professeurs qui s’occupent du prêt et de la vente des livres de « La Biblio ».  Des jeunes bénévoles français participent fréquemment à ce projet et des liens d’amitié se nouent entre eux et les jeunes Indiens.

Le stock de livres est varie et intéressant et les touristes qui voyagent longtemps sont ravis d’acheter des livres français a très bons prix. Les étudiants indiens font connaître leur ville et leur culture aux Français de passage et les informent sur les actions de l’association. C’est un lieu convivial qui permet de favoriser les échanges linguistiques et culturels entre Indiens et Français.

Jimy4

Comment est-ce que vous soutenez le projet du point de vue financier?

Comme pour toute association, « Jimy Library » a des adhérents qui étaient au départ des personnes de notre famille et nos amis, puis chacun a travaillé à agrandir le nombre de membres. En plus de leurs contributions financières, les adhérents organisent des repas, des vide-greniers, des ventes diverses. L’association « Récup ‘timbres » pour qui nous collectons des timbres est un partenaire financier.

Je passe beaucoup de temps en recherche de fonds mais jusqu’à présent nous n’avons pas été chanceux.

Quels sont les idées et les engagements pour le futur ?

Notre crédibilité repose en priorité sur notre capacité à trouver des fonds pour le long terme et nous nous y employons chaque jour. La bibliothèque française continuera d’accueillir Indiens et Français et nous achèterons les livres scolaires aux écoles partenaires.

Merci beaucoup de nous avoir permis de parler de notre modeste ONG. N’hésitez-pas à regarder le site pour avoir plus de détails. Nous serons ravis de répondre aux questions de personnes qui souhaitent s’installer ou visiter ce pays si particulier. Nos conseils peuvent être utiles aussi, contactez-nous.

Très cordialement,
Sylvia Bertoncello
jysyber@yahoo.fr

 

 

 

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