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partorire a palo alto

Chantal, française, a accouché en Espagne. Ici elle partage son expérience.

DAR A LUZ
Ou « donner à la lumière » comme disent les Espagnols en parlant d’accoucher. Vivant ici depuis 1991, j’ai naturellement choisi d’accoucher en Espagne.

Ici il y a deux systèmes de santé: publique ou privé.

Dans le premier (Sécurité sociale), offert à tous les Espagnols quelque soit leur situation professionnelle ainsi qu’aux nouveaux immigrés régularisés, les consultations & hospitalisations sont gratuites et beaucoup de médicaments subventionnés (avec une ordonnance on ne paie que la différence à la pharmacie; et aucun papier à envoyer à la Sécu). Cependant pour voir un spécialiste, il faut normalement passer par son généraliste (qui nous est attribué en fonction de notre domicile) et les délais sont assez longs.

La seconde possibilité c’est d’adhérer à un réseau de santé privé (plusieurs au choix avec une mensualité de 46 a 72 € selon l’âge et le sexe), lequel donne accès, après un délai de carence variable, à des consultations libres (choix de praticien dans l’annuaire de la compagnie, dans toute l’Espagne et parfois même à l’étranger; possibilité d’en consulter plusieurs successivement, et accès plus facile à des examens style résonnance magnétique), offre une chambre individuelle en cas d’hospitalisation mais ne finance pas les médicaments.

Suivi de grossesse

L’hôpital publique correspondant à mon domicile étant spécialisé en néo-natologie, j’ai choisi pour ma première grossesse de me faire suivre par la sécurité sociale. Le résultat de l’analyse d’urine attendu pendant neuf jours a été négatif. Mais j’étais sûre d’être enceinte. Alors quelques jours plus tard en vacances en France, je me suis fait faire une prise de sang et le jour même j’avais confirmation de la grossesse. Nous avons aussi fait une échographie à ce moment-là (à 10 semaines) et mon mari était émerveillé d’entendre battre le petit coeur et les explications du médecin… La grossesse s’est très bien passée, avec une échographie de routine chaque trimestre au centre sanitaire du quartier. Nous n’avons pas voulu connaître le sexe du bébé : surprise… J’ai suivi une préparation à l’accouchement avec une sage-femme (six séances au 3º trimestre: techniques de respiration et surtout échanges d’expérience avec d’autres femmes enceintes). J’ai travaillé jusqu’au bout de la grossesse (en Espagne le congé de maternité est toujours de 16 semaines, dont six à prendre obligatoirement après l’accouchement et les autres au choix). Je faisais beaucoup d’oedème au niveau des jambes mais me sentais en pleine forme et nageais mon kilomètre au quotidien en piscine jusqu’au terme de la grossesse…

Et enfin le jour J est arrivé

Les contractions régulières ont démarré en soirée et, après une longue nuit de travail à la maison, nous sommes allés à l’hôpital à l’aube et notre petit fille est née avant midi. Mon mari m’a accompagnée pendant toute la dilatation mais n’est pas entré au bloc car le gynécologue pensait utiliser les forceps. Le test d’Agbar étant parfait, nous avons été rapidement installées en chambre. Il y avait deux autres lits et j’ai trouvé sympa de pouvoir échanger avec les autres mamans (par ex. pour connaître les horaires du service: toilettes, repas, visites du gynécologue et du pédiatre, etc). Nous sommes restées 48 heures en maternité (la nuit le bébé allait en nurserie, le papa rentrait à la maison et la maman récupérait). Tout y est fourni: repas, linge pour le bébé et la maman, etc. L’attention du personnel hospitalier, en blouse blanche ou verte, tant sur le plan médical que humain, a été sans reproche et personnellement je n’attachais aucune importance au fait de ne pas connaître les gynécologues. Un peu anonyme mais très professionnel…

Une fois le bébé né, nous avons appelé famille & amis (en Espagne il est fréquent que la famille soit sur place pendant l’accouchement, la mère maternelle entrant même au bloc, mais pour moi ce n’était qu’une histoire de couple) qui sont venus voir le bébé à la maternité (les visites ne sont autorisées que pour les enfants à partir de 12 ans). Pour la mise au sein, j’ai reçu l’appui et les conseils de l’équipe du service; l’enfant ne voulait rien prendre, seulement dormir; mais une fois à la maison tout s’est bien passé et j’ai allaité pendant deux mois. Rentrés chez nous, il a fallu suivre le rythme de bébé qui dormait peu mais nous ravissait avec son air éveillé. Le centre sanitaire du quartier, informé de la naissance par l’hôpital, proposait un suivi par la sage-femme (épisiotomie, allaitement, vaccinations, etc). Une semaine après la naissance je sortais me ballader avec le landeau. Úne des premières sorties a été chez le bijoutier pour lui mettre des boucles d’oreilles (cadeau de naissance traditionnel des grand-mères…). Et trois semaines plus tard nous partions en France pour présenter le bébé à la famille. J’ai profité du congé de maternité pour contacter Madrid Accueil et me replonger dans une ambiance francophone. Chloé avait déjà 3 ½ mois quand j’ai repris le travail et nous l’avons fait garder à domicile.

Deuxième bébé


Quinze mois plus tard j’accouchais de nouveau dans le même hôpital. Je ne suis pas allée à la préparation (et pour cause…) et les gynécologues étaient à nouveau différents. Par contre j’allais à un cours de gym aquatique pour femmes enceintes: un vrai luxe ces sessions individuelles et cette sensation d’apesanteur et de relâchement …Cette fois le bébé s’est fait un peu attendre et, une fois le terme (40 semaines) dépassé, je devais aller chaque jour à l’hôpital pour un contrôle sous moniteur. Enfin un matin je me suis réveillée à l’aube avec des contractions; nous sommes partis aussitôt à l’hôpital; à nouveau une douleur très forte au niveau des reins, mais tout a été rapide: en milieu de matinée naissait Victor sous l’oeil émerveillé de son Papa qui a trouvé génial d’assister à l’accouchement. Il était très impresssionné par le travail et la douleur et submergé par l’émotion… Je me vois encore devant la fenêtre de ma chambre à la maternité, mon bébé dans les bras, regardant la ville de nuit, et pensant déjà au prochain bébé … Chloé a découvert son petit frère lors de notre retour à la maison 36h après l’accouchement: elle était très intimidée et contente de retrouver sa maman. Elle marchait depuis son premier anniversaire mais c’était parfois sportif d’aller faire les courses avec eux deux: il fallait slalomer entre les voitures souvent garées sur les trottoirs avec elle en poussette et son petit frère en porte-kangourou…

Troisième bébé


Félix est né trois ans plus tard à la même adresse. Cette fois l’accouchement a été plus difficile. La sage-femme a été très attentive et drôle pendant le long travail (pour cause de position inversée); c’est elle qui m’a accouchée cette fois. L’enfant a été placé en observation pendant 48h (l’équipe médicale craignait un risque d’infection générale; alors, en salle néo-natale, il a été suivi de très près; c’était presque comique de voir un gros bébé de quatre kilos à côté de petits prématurés) mais finalement nous sommes rentrés ensemble à la maison. Deux jours plus tard Victor se coinçait les doigts dans une porte et c’est en courant que j’ai repris le volant…

Enfin

Avec mon mari nous étions ravis d’avoir nos trois enfants avec nous. Et pour moi cette troisième naissance c’était un peu comme « boucler la boucle » … sensation de plénitude et de sérénité. J’ai profité du congé maternité pour pouponner, allaiter (pendant six mois: 4 ½ mois exclusif puis mixte; j’ai arrêté lorsque j’ai recommencé à voyager à l’étranger pour le travail), jouer avec les trois enfants, m’occuper de la maison et du jardin ; bref la vraie vie de femme au foyer …

Péridurale

En 1992 la péridurale était peu proposée en Espagne , aujourdh’ui c’est standard. J’ai accouché trois fois sans péridurale et avec épisiotomie (sans être consultée) et à chaque fois tout s’est bien passé. Plus tard mon mari a pratiqué une vasectomie, intervention plus légère qu’une ligature des trompes, et également couverte par la Sécurité sociale dans le cadre de la planification familiale.

Etat Civil

En Espagne il faut déclarer les naissances au bureau d’Etat Civil (dans un délai à partir de 24 h et jusqu’à un mois); il existe même des bureaux dans certains grands hôpitaux. Là on nous remet le « libro de familia ». Ensuite nous avons fait immatriculer nos enfants au Consulat de France et reçu le « livret de famille » (dans un délai d’un mois également).

Chantal
Espagne
Novembre 2005

Comme vous êtes là…

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