Pour cette mise à jour spéciale sur la photographie en expatriation, nous vous proposons à nouveau l’interview de Laura Rossi publiée en 2007. A cette occasion, nous avons contacté Laura et nous avons découvert qu’en 2009 elle a donné naissance à Martina et l’an dernier à Alessandro. Avec l’arrivée du deuxième enfant, le temps à consacrer à la photographie s’est extrêmement réduit. Laura plaisante en disant qu’elle est encore en mode « survie », mais elle espère retrouver bientôt un peu plus de temps et reprendre l’exercice de sa passion. Depuis que nous avions parlé à Laura elle a beaucoup développé ses qualités de photographe : elle a continué à fréquenter le club photo dont elle parle dans l’interview, elle y rencontre beaucoup de gens intéressants, et s’est davantage axée sur des photos « fine art » et non plus simplement sur de beaux paysages classiques. Vous pouvez trouver un exemple de cette évolution sur son site web, ici. Laura s’attache dorénavant à des paysages «intimes» à la Christopher Burkett, elle a développé une passion pour les détails des marais (qui abondent dans sa région, à Houston) et va bientôt créer un portfolio sur ces sujets. Parallèlement elle essaie de démarrer une activité de portraits d’enfants et de familles – une voie très difficile et très concurrentielle, mais qui lui réserve bien des satisfactions.
Merci Laura!
Claudia Landini (Claudiaexpat)
Juin 2012
Laura est une jeune Italienne qui vit à Houston. Photographe de talent, dans cette interview elle nous raconte comment sa passion est née et s’est développée. Merci Laura!
Propos recueillis par Claudiaexpat
Ta formation n’a rien à voir avec la photographie…
Non, j’ai un diplôme en sciences de l’environnement et j’ai toujours travaillé dans le domaine des télécommunications, ce qui, initialement, m’a amenée à me déplacer beaucoup en Italie. J’ai commencé à travailler à Bari, puis je suis passée à Padoue, puis à Rome. Ce genre de vie est passionnant au début, mais après quelques temps ça commence à fatiguer, donc lorsqu’on m’a offert un emploi en Suisse, je l’ai tout de suite accepté. La distance entre ma maison (Côme) et ma nouvelle affectation n’était pas différente des autres villes italiennes dans lesquelles j’avais travaillé, le salaire était intéressant, alors je me suis déplacée.
Est-ce en Suisse que ta passion pour la photographie est née ?
Oui, jusqu’à mon arrivé en Suisse j’étais une photographe amateur, comme la plupart des gens je faisais des photos en vacances, à des moments importants, etc. En Suisse, cependant, les paysages sont si beaux, qu’ils m’ont donné envie de les photographier de plus en plus et de manières différentes. Je me suis acheté un Reflex et presque sans m’en rendre compte je suis rentrée dans ce tourbillon qui m’a poussé à lire des livres, à acheter des objectifs de plus en plus perfectionnés, et à entrer dans le monde de la photographie …
Comment as-tu acquis la technique?
J’ai pris des cours au début, juste une fois par semaine pendant un mois, pour avoir les bases. Pour le reste j’ai essayé, essayé, et j’ai essayé à nouveau. J’ai fait beaucoup de recherches sur divers forums de photographie sur Internet, je dois dire qu’Internet est une ressource merveilleuse, et d’ailleurs j’ai toujours trouvé beaucoup de bonne volonté de la part de ceux qui participent à ces forums. Au début, j’étais totalement ignorante de nombreux concepts et de détails techniques, et j’ai trouvé des gens très patients et serviables qui m’ont toujours aidée et orientée. En ce qui concerne la qualité de la photographie il n’y a pas grand-chose à faire sinon d’observer et d’expérimenter.
T’es-tu inspirée de certains photographes en particulier?
Mon « idéal » est Ansel Adams, maître de la photographie de paysage aux États-Unis, où il a fait école.
Parlons donc de paysages: ta photographie se concentre sur eux, y a-t-il une raison particulière?
Comme je l’ai dit auparavant, ce sont les paysages suisses qui ont déclenché ma passion. Ils sont tellement incroyables qu’il m’était impossible de freiner l’envie de les photographier. Après avoir commencé, c’était une poursuite en crescendo pour rechercher la bonne lumière, le bon moment de la journée, pour rendre la photo toujours meilleure. Mon travail en Suisse m’a beaucoup aidé: j’étais en charge de la création du réseau GSM, de fait, j’ai dû faire de nombreux déplacements à différents endroits pour voir où placer les antennes, j’ai donc visité et fais connaissance avec le pays de cette façon, et chaque fois que je faisais une sortie, au retour j’en profitais pour prendre des photos. J’ai vécu trois ans et demi à Berne, puis j’ai déménagé en Suisse française et enfin au Tessin.
Donc, si nous parlons de l’interaction entre les éléments des pays qui t’accueillent et ta créativité, nous pouvons dire que dans tes photographies tu exprimes les émotions qui proviennent de l’environnement naturel? Ou encore, que tes préférences, dans un nouveau pays, sont l’aspect naturel et l’aménagement paysager?
Oui, même si au Texas, où j’habite à présent, la situation est différente car les paysages ne sont pas aussi beaux. Contrairement à la Suisse et à l’Europe, ici pour avoir une certaine variété visuelle il faut faire un grand nombre de kilomètres, et c’est très plat. L’avantage dans ce pays est que le contact avec les animaux est beaucoup plus facile, il y a vraiment beaucoup d’occasions. Par exemple, dans le golfe du Mexique il y a des milliers d’oiseaux nicheurs qui peuvent être observé de très près. C’est une chose qui, en Europe, est beaucoup plus rare à trouver. Je me tourne donc naturellement vers cet aspect du pays, profitant de la facilité de rencontre avec la nature qu’il offre.
As-tu déjà pensé, ou voulu faire, de la photographie, une carrière?
Qui ne serait pas heureux d’être capable de vivre de sa passion? En fait, lorsque je suis arrivée ici il y a un an, j’étais tentée de me réaliser professionnellement dans la photographie. Mais le marché est bizarre, ici tout tourne autour des portraits, les photographies dans les écoles par exemple. Pour cela, le travail se concentre davantage sur les relations avec les clients, il faut continuellement en chercher de nouveaux, sans perdre les anciens. Un tel travail implique une augmentation de la production au détriment de la qualité. J’aime faire des choses différentes, et, pour moi, préserver la qualité est un point très important. Ma passion en tant que photographe n’est pas seulement de faire la photo mais aussi de l’imprimer, je trouve que l’étape de l’impression est très excitante.
Quel espace occupe la photographie en termes pratiques dans ta vie? Combien de temps tu lui dédies, comment est-ce qu’elle interagit avec ton quotidien?
Ici à Houston je fréquente un club de photographie, il y a un grand nombre de personnes très douées, ce qui m’aide beaucoup en termes deprogression et d’apprentissage.
Ensuite, il y a toute la question de la logistique et du temps: pour arriver à avoir une image telle qu’on la veut il faut aller sur place au bon moment, peut-être revenir à plusieurs reprises jusqu’à ce que la lumière soit exactement celle que tu recherches. Sur mes photos ce moment précis est tôt le matin ou au coucher du soleil. Ainsi, prendre des photos de qualité pour moi consiste en de nombreux déplacements, souvent dans des endroits éloignés, et peut-être y revenir plusieurs fois. Je suis très chanceuse d’avoir un mari qui est heureux de m’accompagner, parce que seule, j’hésiterais peut-être à aller à certains endroits, mais avec lui je me sens plus stimulée. En ce moment, par exemple, je fais une série de photos d’oiseaux, et même si ça ne l’intéresse pas trop, il me suit volontiers. Il m’appuie et me soutient, et c’est très important.
Nous nous sommes rencontrées grâce à l’annonce d’une de tes expositions à Houston. Combien d’expositions as-tu faites? As-tu gagné des prix?
L’exposition dont tu parles est la même que celle que j’avais faite à Bellinzona, dans un bâtiment de Mario Botta. Tout avait été très sympa, intéressant, j’avais eu beaucoup de commentaires positifs, et je l’ai donc proposée à nouveau à Houston, dans un bar à vin. Là aussi c’était très agréable, mais l’approche des Américains est tout à fait différente de celle des Européens, qui ont des goûts différents sur le type de photographies et sur la façon de les présenter, par exemple la couleur des cadres.
En ce qui concerne les prix une chose dont je suis très fière est d’être arrivée en demi-finales lors de la compétition du Memorial Luisa Maria 2006. Il s’agit d’un concours annuel de diapositives sur les montagnes, il se tient en Espagne, c’est un évènement international et y participent vraiment tous les plus grands photographes, qui ont de superbes photos. En dehors de ce prix qui m’a vraiment flattée, je n’ai pas grand chose à signaler, je participe à des compétitions davantage pour les épreuves qu’elles représentent que pour leur intérêt réel. Par exemple, j’en ai gagné deux du CAI (Club Alpin Italien), participer et gagner au niveau régional est beaucoup plus simple. Mais c’est toujours une satisfaction!
Juin 2007
Photos ©Laura Rossi