Home > Afrique > Tanzanie > Sur la gentillesse, l’adoption d’enfant de troisième culture (ETC) et la vie à l’étranger
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Nous sommes heureuses et fières d’accueillir Lynn Kogelmann sur Expatclic. Lynn est une américaine qui vit à Dar Es Salaam en Tanzanie. Elle est la mère adoptive d’une enfant de troisième culture chinoise et a réalisé une grande enquête sur les ETC. Nous allons aborder ce sujet et bien plus. Si vous êtes une famille adoptive d’ETC, remplissez le questionnaire de Lynn! Merci Lynn pour cet entretien et pour être si positive et source d’inspiration!

 

Qui es tu et qu’est-ce qui t’a amenée en Tanzanie?

Je suis conseillère d’éducation depuis 16 ans. Les 10 premières années je travaillais dans les écoles publiques américaines. De là, ma fille et moi avons déménagé à Pékin en Chine pour nos trois premières années d’expatriation et nous avons adoré. La Tanzanie m’attirait depuis toujours sans que je puisse l’expliquer. Alors quand l’opportunité s’est présentée de travailler dans une école internationale à Dar es Salaam, j’ai su que nous devions tenter notre chance. C’est notre troisième année ici et nous adorons!

Quels sont les défis à relever lorsqu’on travaille dans une culture différente?

Je crois qu’il y a toujours des défis lorsque nous quittons notre zone de confort. En tant que conseillère d’ éducation, je dois être particulièrement attentive aux différences d’éducation et de discipline avec les jeunes enfants, à faire les choses différemment de ce dont j’ai l’habitude. Il est important de prendre du recul, de peser le pour et le contre plutôt que d’imposer mes valeurs et pensées à tous mes collègues de travail. Ceci implique une remise en question et une attention constantes.

Peux-tu nous parler de l’adoption?

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Ruth a été adoptée à deux ans et demi. Je l’ai adoptée en tant que parent isolé, ce qui relevait du défi. Les lois sur l’adoption étaient en train de changer au moment de notre processus d’adoption, et en tant que parent isolé je devais remettre mon dossier avant le 1er mai 2007 ou je ne pourrais pas adopter en Chine.

J’ai dû changer d’agence d’adoption et n’avais plus que 6 mois pour rassembler tous les papiers, ce qui aurait dû me prendre de 18 à 24 mois. Nous avons tout rendu deux semaines avant la date butoir grâce au soutien des amis, de la famille et de professionnels de l’adoption. Six mois plus tard, je partais en Chine pour chercher ma petite! Nous avons fêté nos 10 ans de vie de famille en novembre 2017.

Tu as écrit un merveilleux article recommandant la gentillesse dans les écoles internationales, peux-tu nous en parler? Que peuvent apporter gentillesse et empathie dans ces institutions internationales et comment peuvent-elles profiter aux enfants expatriés?

Je crois vraiment que la gentillesse dépasse les cultures et les barrières. Quelque soit la langue que l’on parle et d’ où on vient, nous apprécions tous la bonté et la gentillesse. Dans les écoles internationales, la gentillesse combat les préjugés et nous aide à penser aux autres. Quand on se concentre sur la positivité et la gentillesse plutôt que sur la négativité ambiante, on peut faire la différence pour une personne et ainsi faire une différence dans le monde. Les enfants qui sont incités à être gentils apprennent à s’affirmer, ils apprennent à défendre ceux autour d’eux. J’aime la citation « Dans un monde où tu peux être ce que tu veux, sois gentil ».

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Lynn dans sa classe en maternelle

Parle nous de ton enquête.

En tant que parent d’ ETC adoptée, je veux être sûre de donner à ma fille tout mon soutien, lui permettant de grandir dans les meilleures conditions. J’ai donc recherché des informations sur les ETC adoptés pour les ajouter à notre liste de conseils. Mais je me suis rendu compte qu’il n’existait pratiquement rien sur le sujet. Je me suis demandé comment c’était possible. Je ne devais pas chercher correctement. Mais j’ai continué à chercher et à parler à d’autres familles adoptives et à des amis qui avaient accès à des bases de données universitaires et ai dû me rendre à l’ évidence ces informations n’existent pas. Je me suis donc sentie obligée de faire quelque chose.

…les gens ont besoin et veulent les mêmes choses partout dans le monde. Ils veulent l’amour, la paix, un sentiment d’appartenance, la sécurité et un avenir positif pour leurs enfants.

Nous avons besoin d’aide pour les familles comme la nôtre, il faut qu’elle existe et si ce n’est pas le cas, alors je dois faire le nécessaire. En tant que conseillère d’éducation internationale, je trouve important que les autres conseillers aient les outils pour aider les familles et les enfants dans ce domaine. Donc, ma première pensée a été de créer un atelier pour les conseillers d’éducation internationaux. Ceci à l’esprit, j’ai commencé l’enquête auprès des familles adoptives. Je me sens l’obligation d’honorer toutes les histoires qui m’ont été racontées, alors même si le travail sera présenté le premier week-end de mars, ce ne sera qu’une première étape. Le but est de créer une base de données pour les familles adoptives expatriées.

Quelle est la plus grande leçon que la vie a l’étranger t’a apprise?

Il y a tant de leçons mais la plus importante pour moi est la confirmation que les gens ont besoin et veulent les mêmes choses partout dans le monde. Ils veulent l’amour, la paix, un sentiment d’appartenance, la sécurité et un avenir positif pour leurs enfants. Même si nous sommes parfois dépassés par l’état du monde, si nous traitons notre entourage avec gentillesse et amour, nous changeons le monde chaque jour.

Comment vois-tu ton avenir et celui de ton enfant?

Notre souhait est de rester à l’étranger, au moins jusqu’à ce que ma fille termine ses études et probablement bien au delà. Nous aimons la Tanzanie et notre école, mais malheureusement mon permis de travail nous obligera à partir d’ici deux ans. J’espère pouvoir continuer le travail avec les familles adoptives. C’est très excitant de penser à l’avenir et de voir ce qu’il nous réserve.

 

Lynn Kogelmann
Dar es Salaam, Tanzania
Février 2018
Propos recuielli par Claudia Landini (Claudiaexpat) et traduit en français par Anne
Photos ©Lynn Kogelmann

 

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