Home > Afrique > Egypte > Découvrir le Caire à vélo

Je suis trop contente et fière de publier cet article de mon cher ami Jean. Jean a aidé Expatclic énormement avec des relectures et traductions d’articles, en redigeant lui même des posts très intéressants, et surtout avec ses magnifiques photos d’un peu partout dans le monde. Oui, Jean a voyagé beaucoup, et il vit à l’étranger depuis une vingtaine d’années. Mais c’est seulement en Egypte, où il habite actuellement, qu’il s’est donné à fond dans une nouvelle façon de découvrir sa ville d’accueil: connaître le Caire à vélo. Merci Jean!

 

J’habite au Caire depuis 7 ans. Au premier abord, il ne viendrait à l’esprit de personne de parcourir cette ville sur un 2 roues, qu’il s’agisse d’un vélo ou d’une moto. Des motos, cela ne manque pourtant pas car c’est souvent le meilleur moyen d’échapper aux bouchons qui paralysent cette mégalopole de bientôt 20 millions d’habitants. Les vélos par contre, c’est finalement assez rare pour une ville épargnée par les côtes. On fait pourtant difficilement plus intelligent: 10 kilos pour en  trimballer (gratuitement!) 70 , 80 et dans mon cas….un peu plus….La plus belle invention depuis l’invention de la roue!

Mais voilà, le vélo, c’est ici perçu comme un truc de pauvre, de mec pauvre en fait car une part importante de la population considère incongru (voire intolérable) qu’une femme puisse poser ses fesses sur une selle de vélo. Certains considèrent que leur virginité est en péril…Voir  à ce sujet le reportage d’Arte sur Les Petites reines du Caire. Dommage:  certains Cairotes pourraient y trouver un intérêt économique.

Les personnes de passage dans la capitale égyptienne retiennent immanquablement le chaos, les embouteillages et le bruit. Lors de séjours souvent courts, que ce soit en voyage d’affaire ou touristique, on zappe d’un musée à un hôtel , d’un restaurant au plateau de Guizeh et l’on passe un temps long et désagréable dans ces méga artères routières saturées.

Il faut pourtant savoir que juste derrière ces axes routiers majeurs qui irriguent le centre du Caire se trouvent des quartiers et des ruelles animées mais paisibles. En moins de 30 mètres, en plein centre-ville,  on peut passer du chaos à des havres de paix. La chaussée y est souvent en mauvais état de telle sorte que les voitures les évitent. Bref, on se retrouve avec des kilomètres et des kilomètres de “pistes cyclables” (j’exagère un peu…) où l’on peut pédaler en toute sécurité si l’on est raisonnablement attentif!  Et s’il est vrai que parfois on retombe sur ces immondes boulevards, les bouchons sont nos meilleurs alliés puisqu’il s’agit alors de zigzaguer entre des véhicules immobilisés. Croyez-moi, j’ai doublé des dizaines de BMW et certains auraient sûrement accepté de troquer leur bolide  pour ma bicyclette. Mais j’aurais perdu au change…

Pour profiter davantage de cette expérience, je roule avec un vélo pliant, certainement la meilleure invention depuis l’invention de la bicyclette!  Cela me permet de me diriger facilement vers des quartiers que j’ai repérés au préalable. Il m’accompagne désormais partout: en avion jusqu’à a Assouan, en train d’Assouan à Louxor, en minibus jusqu’à Port Saïd. En fait, je n’imagine plus un déplacement sans lui!

« L’Ultimate Challenge » c’est de le faire accepter dans le métro. J’ai un taux de réussite auprès de l’autorité compétente de 30 pour cent. C’est peu mais cela fait progresser mon arabe. Il me reste  également à rentrer dans l’enceinte des pyramides où vous trouverez quantité d’autos, motos, chevaux et forcément dromadaires mais où le vélo, pour des raisons qui m’échappent, est totalement proscrit (mamnoua!).

J’aime également parcourir l’étroite bande fertile  qui  s’étire sur les deux rives du Nil, en particulier du côté de Dahchour et de Saqqarah. Ambiance rurale, travaux des champs et toujours un accueil des plus chaleureux. Merci aux Egyptiens!

Car le vélo offre  l’avantage de parcourir des distances assez importantes  sans se couper des gens. Pas de carrosserie qui nous enferme, pas de casque, pas de carte non plus d’ailleurs: la meilleure façon de ne pas se perdre, c’est d’aller nulle part. Un coup à gauche (shimele), un coup à droite (yemin) et parfois  tout droit (alatool).  Il suffit de poser le pied pour s’arrêter et rencontrer les gens, toujours disponibles et souriants. Je ne compte plus les fois où l’on m’a invité à prendre le thé, une expérience difficile à imaginer en Europe.

Je ne peux que conseiller  aux expatriés de découvrir leur ville à vélo. Je regrette d’ailleurs de ne pas y avoir pensé avant,  que ce soit à Tegucigalpa ou  à Addis Abeba. J’ai commencé en fait , modestement,  à Manille. Le Caire est une ville sure (à nuancer pour les femmes seules – les avis divergent) mais je me souviens que la condition de piéton a pu parfois être incommode. Certaines personnes se scotchent à vous  et à moins de courir le 100 mètres en moins de 15 secondes, on ne sait parfois comment s’en défaire. Avec le vélo, ce problème est réglé en 2 coups de pédale.

Bref, le vélo réunit  tous les atouts pour qui souhaite découvrir sa ville et ses habitants de façon autonome, indépendante et plaisante. L’occasion,  à portée de main,  de flirter avec la sensation de voyage dans son environnement le plus immédiat.

Jean Clauzet
Le Caire, Egypte
Janvier 2022
Toutes les photos @JeanClauzet

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Annalisa
Annalisa
2 années il y a

Super article mais pour moi la meilleure façon d’explorer Le Caire comme autres villes est de marcher. Il est entendu que j’adore Le Caire et j’y retourne toujours avec un immense plaisir.