Home > École > Un aperçu sur la suite des études dans le système français

Alessandro est le fils de Claudiaexpat. En 22 ans de vie il a vécu en Guinée Bissau, en Italie, au Congo, au Honduras, et au Pérou. Actuellement il étudie à HEC  Paris (Haute Ecole de Commerce) et fait un stage de travail dans le cadre de sa formation. Giuliettaexpat l’a interviewé sur les aspects les plus importants de son choix, de sa vie d’étudiant à l’étranger dans le système français, et son avenir. Merci de tout cœur Alessandro!

 

Alessandro, pourquoi as tu choisi un parcours d’étude en France plutôt que dans un autre pays ou en Italie?

C’est un choix qui découle directement de mes études dans des lycées francais à l’étranger: après avoir fait mon collège et lycée entre le lycée franco-hondurien de Tégucigalpa et le lycée franco-péruvien de Lima, le choix naturel était de rester dans le système éducatif supérieur francais. Les universités italiennes sont moins reconnues que les françaises à l’international, alors qu’un parcours anglo-saxon aurait supposé une maitrise de l’anglais qu’à l’époque je n’avais pas.

Pour un étudiant étranger qu’elles sont les difficultés dans un système scolaire différent de celui que sa famille a connu, comment ont ils pu t’aider dans tes choix?

système français

Le Lycée du Parc à Lyon

Je ne saurai dire, vu que mes parents ont toujours été très impliqués dans mes études et ont découvert le système avec moi, et donc ont toujours pu me conseiller en connaissance de cause. La seule différence majeure a pu être la visibilité à long terme, dans le sens où je ne parvenais pas à voir quelles filières menaient à quels métiers par la suite. Cela dit, j’ai eu la chance d’avoir des professeurs qui se sont très bien occupés de notre orientation professionnelle au lycée.

Ta vie a l’étranger t’a amené à faire des choix d’étude différents de choix que tu aurais pu faire en restant toujours au même endroit?

Certainement, dans la mesure où j’ai pu profiter de l’éducation francaise et donc d’études en France, ce qui n’aurait pas été le cas si j’étais resté toute ma vie en Italie. Le fait de faire des études dans des environnements différents, en plus d’attiser ma curiosité, m’a ouvert beaucoup de portes à la fin du lycée.

À la fin du Lycée avais tu les idées claires sur ton future, tu le voyais comment? Maintenant après deux années de prépa et deux d’école de commerce tu le vois comment…

Je ne connais personne qui sache ce qu’il envisage de faire par la suite à 17 ans. Les choix qu’on nous demande de faire à 15 ans entre bac S, L et ES (au Pérou c’était les seules options disponibles) me semble excessivement prématuré. Les seuls axes qui ont été constants dans mes études c’est la possibilité de choisir, l’excellence, et l’international. La possibilité de choisir, c’est de rester aussi général que possible tant que je n’aurais pas les idées claires. Cela s’est traduit par mon choix de faire une classe préparatoire commerciale qui touchait à la littérature et aux langues comme aux mathématiques. L’excellence dans le sens où j’aurais toujours fait de mon mieux, indépendamment de ma motivation pour une filière, et l’internationalisation veut dire que j’ai toujours essayé de rester dans un environnement très global, ce qui est notamment le cas des écoles de commerce, et notamment d’HEC.

Les écoles préparatoires sont très dures: comment t’as pu gérer ça loin de ta famille et même de tes amis, puisque tu arrivais de l’étranger? On dit souvent qu’on doit mettre sa vie entre parenthèse quand on est en prépa, c’est vraie?

Ce n’est pas facile pour un français qui vit chez ses parents, ce l’est encore moins pour un étranger qui se sépare de sa famille et arrive dans un pays nouveau. D’autre part, les jeunes qui comme moi ont eu plusieurs expériences à l’étranger ont généralement des capacités d’adaptation hors norme, ce qui est un atout pour l’installation en France même dans le cadre de classes préparatoires.

C’est vrai que les classes prépa sont difficiles et exigent beaucoup de sacrifices, mais c’est aussi deux années très intéressantes où on découvre plein de nouveaux sujets, des gens très stimulants, et c’est à chacun de vivre la prépa comme il le souhaite. Personnellement, je ne me suis jamais privé d’une soirée en fin de mois ou d’un café avec des amis le week-end. Plus que de mettre sa vie en pause, il faut s’assurer d’avoir une personnalité compatible avec l’exigence de la prépa: pouvoir travailler beaucoup et faire la fête quand même, s’intéresser pour des sujets complexes, et bien s’organiser dans son travail. Pour finir, entre HEC Paris et les écoles post bac il y a une panoplie d’écoles de commerce, donc même les moins « bosseurs » pourront trouver un compromis qui leur conviendra en termes de travail.

Pourquoi le choix d’un parcours prépa plus école de commerce?

Pour les memes critères que j’ai mentionné précédemment: excellence, flexibilité et environnement international.

système françaisLes concours d’entrée dans les grandes écoles sont très durs, comment gérer le stress et survivre?

On s’est préparés pendant deux ans, j’ai personnellement vécu les concours comme une délivrance, on sait tous que ces quelques jours sont le reflet du travail de deux ans, et dans une certaine mesure les jeux sont faits. Pour ce qui est du moment même, chacun a ses techniques: Il y en a qui partent une semaine avant pour se vider la tête, il y en a qui font beaucoup de sport pendant cette période, mais l’important est d’arriver confiants et sereins le jour J, de se dire que les écoles de commerce sont nombreuses et que tout le monde aura sa place, et de relativiser. Les concours sont certes, une étape importante, mais personne ne mourra si on a l’EM Lyon plutôt que l’ESCP.

Ça veut dire quoi vivre seul et loin à 18 ans? On gère comment le quotidien, on fait comment pour surmonter les moments plus durs?

Le départ de l’environnement familial doit avoir lieu à un moment où à un autre. Pour moi c’était à 17 ans, pour de nombreux jeunes, il a lieu vers 22-23 ans, mais le fait est que d’un coté on a plus de choses à gérer, et de l’autre coté plus de liberté et d’indépendance qui sont vraiment stimulantes. Les moments difficiles seront au rendez-vous, mais c’est une étape par laquelle il faut passer dans tous les cas, et se dire qu’ils passeront. J’insiste, c’est un moment par lequel n’importe qui devra passer au cours de sa vie. Tant du point de vue des jeunes qui partent, comme du point de vie des parents qui se retrouvent avec un nid vide.

HEC est considérée une des meilleures écoles du monde (pour les français peut être la meilleure): ça veut dire quoi être a HEC, avoir un parcours professionnel tracé d’avance, ne plus devoir démontrer qu’on est bon, avoir beaucoup plus de portes ouvertes quand on se lance dans le marché du travail?

Je tiens à briser quelques idées reçues. Certes, HEC est très réputée, et les gens qui y entrent ont de bonnes chances d’avoir une carrière prometteuse, ce n’est pas pour autant qu’une fois arrivés c’est le repos ad vitam eternam. La crise touche tous les secteurs, et nombre d’entre nous peinent à trouver un stage, voir un travail à la sortie. C’est vrai qu’on a prouvé qu’on était « bons » (quoique le rôle de la chance et du hasard aux concours est non négligeable), mais pour entrer en banque ou en conseil, il faut le prouver une deuxième fois.

Le mythe du HEC yupi qui n’a plus rien à faire est –malheureusement- loin de la réalité.
Ce qui est vrai c’est que les profils sont très diverses. Il y en a d’entre nous qui se décident pour aller dans l’humanitaire, d’autres qui se redirigent vers la politique, d’autres encore vers les formes de management alternatif, d’autres vers de la banque d’affaire. Ce qui est d’actualité plus que jamais, c’est la diversité des débouchés et des profils. J’ai un cher ami qui, en ce moment, passe un an au Japon, en banque d’affaires pendant six mois, et dans le cabinet d’un sénateur japonais pendant six mois. Une amie, après avoir travaillé en Software design chez Dassault, part en Jordanie travailler dans des camps de réfugiés syriens. HEC encourage chacun à trouver sa voie, et les opportunités sont nombreuses, à condition de savoir les saisir.

Le lac dans le campus de HEC Paris

Le lac dans le campus de HEC Paris

Tu es presque a la fin de ton parcours tu pourrait conseiller quoi par exemple à ma fille qui se trouve dans le moment de choisir son parcours universitaire ?

Le plus important est de faire un choix en connaissance de cause. Aller visiter les universités, assister à des journées portes ouvertes et, pourquoi pas, chercher à avoir des rendez-vous avec des professionnels du secteur permet de choisir sa propre voie des connaissances solides. Il faut aussi garder à l’esprit que s’engager dans une voie qui nous plait rend beaucoup plus facile le fait d’affronter les défis qu’elle présente. La plupart des échecs en prépa, par exemple, viennent de gens qui n’ont pas d’appétence pour les matières auxquelles ils se consacrent, et bon nombre de littéraires changent de voie et viennent en commerce, et vice-versa. Enfin, garder à l’esprit qu’un changement de parcours est tout à fait possible. Un ami que j’ai rencontré à HEC a passé un an en fac de sociologie avant d’entrer à Dauphine, et un an après il passait les concours parallèles pour les écoles de commerce, et s’est retrouvé à HEC.

On t’avais conseillé quand tu étais a la fin du Lycée, on t’a guidé comment dans tes choix?

Au vu de mon profil, les profs de mon lycée me poussaient vers Sciences Po ou une classe prépa. Les lycées de l’étranger ont des facilités pour accéder à Sc Po, concrètement nous n’avons pas à passer l’examen d’entrée écrit, juste l’oral. D’autres me poussaient vers une classe préparatoire scientifique, et c’est vrai que j’ai longtemps hésité. Mais après tout, le choix doit venir de la personne concernée, dans mon cas une classe préparatoire commerciale était le bon compromis entre les mathématiques et les disciplines humanistiques.

L’étranger ou l’Italie dans ton future professionnel ?

C’est difficile pour moi de savoir où je serai dans quelques mois, de là à avoir une visibilité long-terme de ma carrière, il y a un abîme. Dans tous les cas j’essayerai de garder un profil international, ne serait-ce que dans le cadre de missions sporadiques à l’étranger depuis la France. La mobilité est un énorme atout, et ce de plus en plus, dans le monde privé comme dans les institutions internationales. Grand nombre d’entreprises ont mis en place des échanges internes allant de quelques mois à quelques années, et c’est une pratique de plus en plus commune, qui permet à un collaborateur de passer du temps à l’étranger au sein de la même entreprise.

Les réseaux d’ex élèves de grandes écoles aident les futures diplômés et comment? Il y a beaucoup de corporatisme dans certaines entreprises il y a par exemple tendance à embaucher des gens issus de la même école, en as tu l’impression?

Le réseau d’ex élèves de grandes écoles est un des piliers du succès de celles-ci, et participent de l’identité de l’école. Le principal atout que présentent ces réseaux d’anciens est le partage d’information entre génération. Il y a souvent des événements de rencontre entre étudiants et anciens dans un cadre convivial où les anciens parlent de leur métier et partagent leur expérience, ce qui est pratique pour des jeunes qui cherchent à mieux comprendre les enjeux d’un domaine en particulier. Un réseau d’anciens joue aussi et surtout une fois dans le monde de l’entreprise, à mon avis, permettant d’avoir des contacts plus fluides intra et inter-entreprises. Pour ce qui est de la tendance à embaucher des gens issus de la meme école, je ne pense pas que ce soit une réalité. D’une part parce qu’en entreprise, les recruteurs ont en tête le profil de la personne plus que des affinités, et ils se concentrent sur l’expérience professionnelle et la personnalité du candidat, d’autre part parce que souvent les entretiens ont lieu avec un panel de professionnels, donc venant d’écoles et universités différentes, et souvent le processus de recrutement suppose plusieurs entretiens avec des RH et des professionnels différents. Ceci n’est pas nécessairement vrai dans le cadre de Start-ups mais je pense que ce l’est, en règle générale.

 

Propos recueilli par Giuliettaexpat
Novembre 2013
Photos ©Claudia Landini 

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