Home > Afrique > Côte d'Ivoire > Adoption internationale: Karin e sa petite fille en Côte d’Ivoire
adoption internationale

Voici le récit très émouvant d’une adoption internationale, raconté depuis ses débuts par Katrin, déjà maman de deux adolescents et aujourd’hui d’une jolie petite fille prénommée Lila. Merci Katrin pour ce témoignage qui donnera espoir à d’autres parents potentiels. Nous souhaitons à votre famille nouvellement élargie tout le bonheur possible !

Valeriexpat

 

Nous sommes une famille, composée jusqu’à peu d’un papa, chef de service éducatif en service judiciaire, âgé de 40 ans, d’une maman, 41 ans,  directrice d’un centre de formation en travail social et psychologue, d’un garçon âgé de 15 ans, Jérémy, en 1ère S et Théo, âgé de 12 ans, en 5ème.

Nous souhaitions agrandir notre famille avec une adoption international et espérions une petite fille.

Mon corps, très malmené par différentes maladies, n’aurait jamais dû concevoir d’enfants, nos deux fils biologiques ont été deux bébés miracle que la médecine n’a jamais compris, nous savions que pour le dernier enfant il y aurait une autre forme de miracle, une autre aventure, celle de l’adoption.

Après un agrément, bien long à obtenir (15 mois, par manque de personnel psychologue et donc de rendez-vous très espacés), pour un enfant de 0 à 4 ans, notre attente a duré 2, 5 ans.

Durant cette période, nous avons traversé des épreuves: décès du père de mon mari, présentation en France de 2 fillettes acceptées par nous, mais nous n’avons finalement pas été choisis par les conseils de famille. Et un jour, alors que nous ne sommes pas croyants, ni ne pensons qu’il existe un destin, mon mari rêve avec des images très précises de l’arrivée d’une petite fille africaine, alors que nous nous dirigions vers la Chine et la Colombie.

Nous décidons de suivre la piste de l’adoption internationale en Afrique, alors que notre réseau – l’Agence Française de l’Adoption, l’association Enfance et famille d’adoption – nous le déconseille, nous avons le sentiment qu’il faut y croire.

AbidjanNos recherches nous conduisent à la Côte d’Ivoire. Nous adressons un dossier, sachant qu’entre temps, notre projet a mûri : dans la mesure de nos métiers, notre chance d’avoir des enfants, notre âge, pourquoi ne pas réfléchir à un petit bout un peu particulier ?

Nous nous engageons auprès d’un éventuel enfant porteur de maladie ou handicap non mental, sans engager le pronostic de vie, dont le trouble peut être soigné ou opéré.

Notre dossier part le 07/10/2009 à la protection sociale du ministère de la femme, de la famille et des affaires sociales d’Abidjan, par courrier recommandé, qui nous revient 2 mois après non réclamé. Le dossier part et revient à 5 reprises durant 1 année, pour les mêmes motifs, jusqu’au moment où nous nous saisissons de ce problème et demandons de l’aide au SAI (Service d’Adoption Internationale) du ministère des affaires étrangères, au bureau Afrique.

Nous rencontrons là nos premiers anges, sans qui rien n’aurait pu arriver ! Elles nous aident, en établissant un contact avec la directrice de la protection sociale d’Abidjan, en nous accordant d’adresser le dossier par email, ce qui est exceptionnel.

Notre dossier est enfin reçu en Décembre 2009.

Il passe en commission en Mars 2010, et là le miracle attendu arrive, sous la forme d’un SMS laconique de la protection sociale : « seriez vous prêts à accepter un bébé (jolie petite fille de 10 mois) mais souffrant d’hépatite B et ayant perdu un œil ? »

Nous avions 5 jours pour nous décider, sans obligation d’avocat sur place, sans aucune connaissance locale, sans bilan de santé présentable.

Nous courrons les listes d’avocats et décidons de nous en référer au  bureau Afrique qui nous recommande un avocat français bien implanté en Côte d’Ivoire, bien placé auprès des pouponnières et sérieux.

Nous rencontrons nos 2 anges – un cabinet très performant, très accueillant – qui amènent le bébé en suivi médical. Nous avons des informations parcellaires et comprenons que les analyses faites sont sans doute assez imprécises, et qu’il faut nous référer à notre instinct. Nous décidons d’accepter ce bébé et entreprenons un premier voyage, afin que nos enfants connaissent le pays d’origine de leur sœur, et qu’elle fasse connaissance avec nous sans arrachement brutal au moment du départ en France.

La première rencontre est éprouvante pour tous : pleurs du bébé qui ne veut pas quitter la nourrice qui s’est occupée d’elle depuis ses 4 mois, quand elle a été amenée en état de malnutrition important, avec engagement de pronostic vital.

Abidjan-Plateau1La séparation, après 2 semaines intenses avec Lila, notre amour de bébé, quand nous la ramenons à l’orphelinat, est tout aussi déchirante, elle fait partie de nous et s’est attachée à nous, on se demande avec angoisse comment elle vivra ce qu’elle peut considérer comme un deuxième abandon et si elle pourra nous refaire confiance lors de notre retour. On lui explique qu’on retournera la chercher, mais que comprend précisément un bébé de 13 mois ?

Le deuxième voyage se fait en couple, les enfants ont repris le collège et le lycée.

La petite nous reconnaît immédiatement et commence sa vie avec nous, comme si elle sortait de nous et de manière naturelle, dorénavant un grand pas en avant ! Elle ne va plus dans les bras de femmes africaines mais nous désigne comme ses parents à une serveuse de restaurant (africaine !) : « ça mon papa, ça ma maman ! »

Elle s’est laissée adopter et nous a adopté, la relation se construit, mademoiselle fait des caprices que nous trouvons (pour une fois 🙂 ) extraordinaires !

Nous faisons une fantastique rencontre, la veille de notre retour en France: nous rencontrons le directeur du centre social qui a retiré à la mère naturelle, maltraitante, la petite, alors qu’en stade 2 de malnutrition, elle pesait 2 kg à 4 mois ! Il nous relate par écrit et en entretien, des éléments très importants des premiers mois de vie de la petite, ses nom et prénom d’origine, nous apprenons le décès de sa maman, une semaine après notre arrivée en Afrique !!!

Coïncidences ? Symboles ? Tout cela est très marquant pour nous et nous fait dire qu’il n’y a pas eu de hasard et que Lila et nous étions faits pour nous rencontrer.

Nous rentrons en France avec elle 2 semaines après, elle se comporte dans l’avion, à la maison, avec la famille, comme si elle avait vécu comme ça toute sa vie, sa capacité d’adaptation nous saisit.

Son œil sera réparé (esthétiquement, pas visuellement) le 16 Novembre et son état général est excellent, elle est porteuse asymptomatique du virus hépatique B, la doctoresse nous dit qu’elle pense qu’elle pourra sans doute guérir.

Une nouvelle aventure commence, une famille complète ! Voici 3 jours qu’elle est parmi nous, c’est comme une évidence, comme si elle avait toujours été là !

 

Katrin
France
Octobre 2010

Comme vous êtes là…

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