Aujourd’hui le monde musulman fête l’Eid al Adha. Carolexpat, qui vit au Pakistan, nous raconte comment ça se passe dans son pays d’accueil…
La fête de l’Eid al Adha -ou Al Kabir selon les pays- est la fête commémorant le sacrifice d’Abraham. Elle est célébrée dans le monde musulman durant trois jours, les animaux sacrifiés sont des moutons, des chèvres ou des vaches suivant les traditions locales, les moyens financiers à disposition et les régions concernées.
Dans certains pays les sacrifices se font dans des abattoirs, à défaut des endroits couverts ou non sont réservés afin de permettre aux habitants de procéder au sacrifice dans un lieu dédié…parfois et disons plutôt souvent les sacrifices de moutons ont lieu dans la rue, ouvertement.
Au Pakistan des milliers de bovins sont abattus chaque année, les jours précédant la fête les hommes se rendent au marché du bétail, marchandages et palabres vont bon train et les animaux sont réservés ou achetés sur le moment, telle le veut la tradition du nord du pays dans les villes et les villages typiques.
La veille de la fête les bazars sont bondés de femmes et enfants achetant habits, bracelets et cônes de henné et se bousculant. Une agitation et stress sont présents, les derniers nettoyages et préparation de dernière minute ont lieu tard dans la soirée.
Le matin du premier jour de l’Eid al Adha après la prière, le petit déjeuné est servi: galettes, crème, oeufs et thé, parfois du poulet coupé en morceaux et rôti. Les habitants de la maison, hommes, femmes et enfants portent tous de nouveaux habits, henné, maquillage et bracelets multicolores et chacun présente les voeux à l’occasion de ce sacrifice. Des billet de quelques roupies sont distribués aux enfants et les confiseries locales très sucrées et achetées au bazar sont toujours présentent…les conversations vont bon train.
Une fois toutes les formalités accomplies tout le monde disparaît et les habits sont changés, il faut se vêtir des plus usagés afin de procéder à la division et répartition de la viande. La plupart des habitants optent pour une vache ou un buffle que 4 ou 5 familles se partagent; la bête est sacrifiée dans les garages ou des endroits adaptés sont créés et un boucher et les hommes de la famille participent au sacrifice.
Dans la maison les femmes sont regroupées en attendant de recevoir la viande elles parlent et cuisent des kilos de riz afin de pouvoir nourrir toutes les personnes participant à la boucherie du premier jour. Des nattes sont étalées sur la véranda, les couteaux sont aiguisés, les enfants regardent les programmes « special Eid al Adha « , l’animation est présente.
Soudain un cri surgit du garage, le sacrifice a eu lieu et la viande est découpée.
Une demi heure plus tard les premiers morceaux arrivent et sont déposés ou plutôt jetés sur les nattes… cervelle, foie, poumon et tous les organes internes sont présents, ensuite les morceaux de viande que l’on regroupe et finalement les os séparés…chaque famille pèse sa portion de viande et une fois déterminée chaque portion est séparée en trois; la première portion est réservée aux pauvres, la seconde aux gens de la parenté et la troisième est à conserver dans le cadre de sa propre famille ce qui revient à dire qu’un tiers de la viande uniquement est conservée à titre de consommation personnelle.
A préciser que les morceaux sont coupés sans distinction qu’il s’agisse de filet ou de queue tous les morceaux sont mélangés! Les morceaux reçus coupés par les hommes sont de grosse taille et les femmes doivent alors recouper en petit cubes ragoût tous les morceaux un à un et les déposent finalement dans des sachets destinés à la congélation.
Les pauvres défilent toute la journée et se rendent de maison en maison afin de recevoir leur morceau de viande qu’ils collectent dans des sacs plastique. Les portions pour la parenté sont étiquetées et réfrigérées.
Le foie est cuit sur le moment, une fois le travail terminé tout le monde mange et les nettoyages sont effectués par des employées de maison ou des dames pauvres offrant leur aide en échange de morceaux de viande.
Le soir du premier jour tout le monde est épuisé… Le second et troisième jour les visites défilent, les gens se rendent visite les uns aux autres, certains en profitent pour sortir en famille, d’autres pour voyager mais la tradition de ces régions est centenaire et les fêtes de l’Eid sont synonyme de famille, partage et solidarité